De l’énergie photovoltaïque directement auto-consommée par la commune et les habitants : expérimentation en cours à Langouët

Un contexte règlementaire nouveau

Commune de 600 habitants, située à une ving­taine de kilomètres au nord-ouest de Rennes, Langouët appar­tient à la Communauté de Com­munes Val d’Ille-Aubigné. Cette intercommunalité est engagée de longue date dans la démarche de « territoire à énergie positive » et elle est signataire depuis 2020 de l’un des premiers Contrats de Transition Ecologique en Bretagne.

Depuis peu, la loi autorise les collec­tivités à produire, mais aussi distribuer à ses habitants, de l’énergie renouve­lable produite localement. Aidée d’Energ’iV, la commune de Langouët a saisi cette opportunité afin d’expérimenter, en milieu rural, la mise en œuvre d’un service public local de l’énergie.

Réaliser un circuit court de l’énergie

Le projet de Langouët est le pre­mier projet d’autoconsomma­tion collective en Bretagne mené directement par et avec les habitants (un projet équivalent dans le Morbihan regroupe des activités artisanales).

Il dispose d’un outil de production sous forme d’un tracker photovoltaïque, installé par Energ’iV à côté de la Mairie. Placé sur un poteau pivo­tant de 3,5 mètres de haut, le tracker comp­te 75 m² de panneaux solaires et suivra la courbe du soleil afin de produire chaque année 19 MWh d’électricité renouvelable.

Un quart de la production sera consommé directement par la Mairie et l’école de Langouët.

Dans cette première phase, le reste sera distribué en circuit court à une dizaine de riverains regroupés dans l’association Solai Lann Coat. Ces consommateurs auront accès à une énergie locale à un prix compétitif, environ 16c€/kWh, et surtout stable dans le temps.  

Si les besoins sont inférieurs à la production, le surplus est vendu à Enercoop.

Le comptage de l’énergie et la répartition de l’énergie produite localement est assuré par ENEDIS

Un suivi de la production et la consommation est assuré en direct grâce à un logiciel développé par Enogrid. Il est librement accessible à tous les membres de Solai Lann Coat qui disposeront également d’un accompagnement de l’ALEC du Pays de Rennes pour augmenter le taux d’autoconsommation.

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Un projet expérimental regroupant plusieurs partenaires

Pour mener à bien ce projet, de nombreux partenaires ont été associés, avec comme chef de file, Energ’iV (la filiale 100% énergies renouvelables du SDE35) qui a réalisé le développement technique, juridique et administratif du projet, porte financièrement l’opération et sera l’exploitant de la centrale solaire pour le compte de la commune pour une durée de 25 ans.

Au centre du projet, une association locale de gestion créée spécifiquement pour le projet, « solai lann coat » a en charge la gouvernance du dispatching  de l’énergie renouvelable produite. Elle regroupe Energ’iV, la muni­cipalité, les consommateurs et des membres bienfaiteurs comme le SDE35 et l’ALEC.

Enedis, gestionnaire du réseau public d’électricité,  a accompagné ce projet par  l’identification du périmètre et des clients éligibles, en partageant les évolutions réglementaires des projets d’autoconsommation collective et en assurant, via les compteurs Linky, la collecte et la mise à disposition des données de consommations auprès des différentes parties prenantes. 

S’agissant d’un projet expérimental concourant au déploiement des réseaux électriques intelligents en Bretagne, il a été labellisé SMILE- smart grids et a bénéficié d’une subvention du Conseil Régional sur l’investissement.

Et demain …

Pour Energ’iV, l’enjeu est de tester ce modèle à petite échelle afin de le développer peut-être demain à l’échelle de territoires plus larges : nouveaux quartiers ...

Pour la Mairie, si le test est concluant, le but est d’étendre ce service à un plus grand nombre d’habitants, en utilisant les panneaux photovoltaïques existants et futurs de la commune.

• Quel est votre parcours ? 
  
  Je suis élu à la ville de Rennes en charge du climat, de l’énergie et du bâtiment durable et Vice-Président au SDE35. Sous le précédent mandat j’étais élu en charge de l’écologie urbaine. J’étais aussi Vice-Président au SDE35 en charge de l’éclairage publique. Professionnellement je suis depuis 2014 consultant-formateur sur les politiques énergétiques et climatiques territoriales. Auparavant j’ai été pendant 17 ans directeur de l’Agence de l’Energie et Climat du Pays de Rennes.

• Que représente pour vous Energ’iV? 
  
  Dans un premier temps, pour moi, l’appropriation des enjeux énergétiques est l’un des leviers de nouvelle création de valeur dans les territoires, d’attractivité et de dynamisme que l’on soit en territoire urbain ou rural. En l’absence de politique locale de l’énergie, chaque euro dépensé dans l’énergie quitte le territoire, pouvant appauvrir, non seulement les ménages, mais aussi tout le tissu économique local privé de ce flux financier. Cette volonté d’attractivité et de dynamisme des territoires, nous l’avons eue dès la réflexion de la création de la SEML avec l’ensemble des acteurs associés et notamment Rennes métropole et le département. Mais aussi, maintenant avec les EPCI. Chaque décision de s’engager dans un projet d’énergie renouvelable est analysée avec ces prismes, auxquels nous rajoutons la gouvernance adaptée à chaque projet, la participation des citoyens, les acteurs économiques et l’ancrage territorial. La SEML est là pour favoriser le dialogue, apporter un appui technique et financier avec l’ensemble des acteurs.

• Quelle est votre ambition pour Energ’iV ? 

  L’heure est aujourd’hui à la mobilisation sur le département afin de répondre aux objectifs des territoires en lien avec les objectifs régionaux, nationaux et européens qui doivent nous conduire à relever le défi de la neutralité carbone.

  La SEML est là pour aider et fédérer les initiatives et faire progresser et co-construire les différentes filières de production des énergies renouvelables.

  Les résultats obtenus par la SEML depuis deux ans, alors que celle-ci est toute jeune, ont rapidement démontré l’intérêt économique de déployer des projets d’énergies renouvelables portés par les acteurs locaux. Nous avons cette volonté de continuer dans ce sens. Mais nous devons aussi être raisonnables dans notre développement. C’est-à-dire, préciser le nombre de projets que nous pouvons accompagner chaque année et ainsi dimensionner ce que sera demain cet outil au service des territoires. Nous serons vigilants à le faire, avec l’ensemble des partenaires du CA de la SEML, mais aussi les acteurs régionaux et les EPCI.